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Betdenrire

Sensations

19 Décembre 2010, 18:27pm

Publié par Philippe Lepers

                                                   Sensations

 

Un anniversaire est bien souvent l’occasion de pratiquer la farce à outrance lorsque les invités sont nombreux et que l’hôte est lui-même un sacré déconneur.

J’en veux pour preuve la cérémonie d’anniversaire de Dany le rouge, le fameux copain qui hanta si souvent les carrières souterraines de Paris.

Voulant fêter dignement et en grandes pompes ses 50 ans  le 19 avril 1997, il invita un nombre impressionnant d’amis, famille et relations à la salle des fêtes d’Alfortville dont il était entre autres chauffeur de cars, pilote d’avion et plongeur avec bouteilles, oui, celles à air comprimé, pas celles auxquelles vous pensez. Le dessin en fin de récit le prouve sans aucun doute.

Je préparais alors un pot pourri de blagues pour amuser la galerie.

Avec la complicité de Michel Hoste, également grand déconneur devant l’éternel, (voir Mélodie en sous-sol) je mis en place dans les toilettes pour dames  une scène Pipi-Caca du plus bel effet.

J’avais, dans la semaine, imprimé des faux billets de banques d’un très grand  réalisme. Je les mis en remplacement du papier cul dans le dévidoir et sur le couvercle de la cuvette, placé un magnifique étron en plastique humecté avec largesse d’une flaque d’eau et de quelques billets froissés. La scène était criante de vérité. Pour couronner le tout et faire bonne mesure, un faux vomi au sol et le bris de 4 boules puantes complétaient le tableau dans une atmosphère pestilentielle.

Deux ou trois personnes dans la confidence et l’attente jubilatoire commença.

A deux où trois reprises il fallu dériver les envies pressantes de gamines vers les toilettes homme afin de conserver l’effet de surprise pour une victime disons… plus sensible. On n’eu pas longtemps à attendre. Une mamie, sortant du rang avec encore deux petits fours dans le creux de la main et certainement une demi- douzaine d’autres dans les bajoues, se dirigeait d’un pas pressé vers les toilettes.

A peine 5 secondes plus tard, un cri. Un cri tellement fort que l’orchestre fit une pose et se demanda si du larsen n’était pas en train de parasiter les baffles.

Ceux qui ne sont pas au courant, cet à dire la majorité, arrêtent leurs danses ou leur conversations. Chacun s’interroge et murmure sur ce qui peut bien se passer. Certains se précipitent alors en courant vers la source d’où semble provenir un tel beuglement.

Comme c’est du côté femmes, deux d’entres elles hèlent la mamie à travers la porte. Ne recevant aucune réponse elles la poussent pour aussitôt ressortir en agitant désespérément de grande brassées d’air avec leurs bras. L’une d’elle vomi sur les chaussures de son mari planté là juste à la sortie des toilettes et l’autre gueule à la mort qu’il y a une vieille salope qui a chié partout et s’est torché avec Marie Curie !

Elle en rajoute une couche en hurlant qu’on ne devrait jamais laisser sortir les vieux des maisons de retraite même pour un anniversaire !

Des hommes téméraires en diables décident alors de pénétrer dans les toilettes.

Ils en ressortent aussitôt en soutenant la mamie dont le teint est devenu verdâtre.

Elle à du mal à reprendre sa respiration. Dans un souffle, elle explique que les WC sont particuliers ici, bizarres même, que la personne avant elle doit être très malade pour avoir oublié de lever le couvercle et surtout quelle idée d’utiliser ainsi des billets de banques ! Elle en a récupéré deux qu’elle a lavé soigneusement avant de glisser sur le vomi et tomber par terre !

Pour se remettre, elle file au buffet pour s’enquiller un grand verre de champagne et, tombant sur ce qui reste des amuse-gueules, des chips fourrées juste devant elle, elle s’en saisie d’une avec fébrilité et l’engouffre d’un geste vif.

Pas de chance pour elle. J’avais amené des chips de polystyrène fourrées à la pâte dentifrice mentholée dont l’étiquette placée devant l’assiette indiquait : Chips de crevettes au petit chèvre bulgare !

Elle a fait la gueule toute la soirée.

Ne pouvant plus recommencer ce genre de blagues définitivement mis à jour, je ne renonçais pas pour autant à poursuivre mes penchants sadiquo-comiques.

Derrière le buffet, près des caisses d’emballage des verres à pied, traînait innocemment un rouleau de film étirable que je m’empressais de subtiliser à la vue de tous. Cette fois-ci j’opérais seul. Je pénétrais dans les WC des bonhommes avec mon précieux accessoire. Je ne mis que quelques secondes à étirer, sur chacune des deux cuvettes, le film bien tendu pour qu’aucun pli ne trahisse sa présence et je refermais les lunettes et les abattants. Pour être sûr que la supercherie soit à l’abri d’un malin, je réussi par de pénibles contorsions à atteindre les ampoules de la vasque d’éclairage et à les dévisser pour plonger dans le noir complet les toilettes pour homme.

A peine suis-je ressorti qu’un quidam pointe son nez, enfin il se pince un autre attribut qui en dit long sur l’envie qui le tenaille. Au bout de 2 minutes notre bonhomme ressort, bienheureux comme celui qui vient de mener à bien une tache importante. Tache qu’il arbore également au niveau de son pantalon qui semble mouillé par autre chose que la sueur d’un danseur chevronné. Sa bonne femme ne s’y trompe pas et c’est un : « Gros dégueulasse, non content de te pisser régulièrement sur tes godasses, voila maintenant que tu n’ouvre même plus ta braguette pour pisser. T’est sénile ou bourré ?! » Hilarité générale.

Je n’ai pas fais attention qu’un autre type, bien allumé celui-la, venait de pénétrer à son tour dans les toilettes. Il en ressort hirsute en gueulant à tue-tête que ces chiottes de merde sont bouchées et, que dans le noir, il ne l’a pas vu tout de suite. C’est en voulant faire son gros besoin qu’il s’en ait rendu compte mais trop tard !

Je crois que c’est à ce moment là que, ma femme et moi, avons décidé de partir après avoir remercié nos hôtes de cette excellente soirée !

 

L’histoire se termina le lundi matin, au bistrot de la place Rungis où Michel venait prendre son café. Il avait invité son contrôleur fiscal à se joindre à lui, pensant que des bonnes relations entres adultes intelligents ne pouvaient qu’être profitable à la société, la sienne surtout, il ne pensait pas que l’anniversaire du rouquin allait lui pêter à la gueule comme un pain de dynamite.

Au moment de partir, il laisse un billet sur le comptoir et continu d’essayer de charmer son auditeur en attendant sa monnaie.

« Monsieur, votre billet est faux ! »

« Comment ça faux ? 

«  Bah oui, il est faux ! »

Tête du copain qui replonge sa main dans sa poche  et présente machinalement une autre coupure au garçon.

«  Celui-là aussi ! »

Tronche du fonctionnaire qui commence à avoir de sérieux doutes sur la moralité de son administré.

«  Ca y est ! Ca me revient c’est la soirée de samedi ; Ils étaient encore tout mouillés et pour que personne ne les prennent, je les ai empoché ! »

La gueule du contrôleur. Peut être dans la conversation  va-t-on apprendre où est installée l’imprimerie clandestine  où sèchent négligemment des milliers de billets de banques ?

Il a fallu beaucoup de patience et de sincérité au copain pour convaincre son auditeur qui, par chance, comprenait bien les blagues de potaches, et même celles d’un goût douteux.

Il faut dire que le fait de déplier le billet et observer son verso, remettait les pendules à l’heure. Il y était imprimé :

Merde à celui qui le lira !

J’avais pris des précautions tout de même.

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