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Betdenrire

Islande 2

9 Décembre 2008, 19:14pm

Publié par Philippe Lepers

 

Depuis plusieurs jours une pluie persistante a gonflé les cours d'eau et les gués sont devenus infranchissable pour la majorité des 4x4.
Les copains ont renoncé à poursuivre plus avant et nous voilà seuls depuis 2 jours
C'est évidemment à ce moment que nous vient l'idée de gravir le volcan Laki.
Une seule petite piste, partiellement indiquée sur la carte au 1:750.000, à des lieues de toute présence humaine, doit nous conduire au sommet.
De là s'étend une vue panoramique sur la chaines de volcans traversant l’île du nord au sud.
Cest la fameuse médiane Atlantique qui, par des milliers de points chauds, serpente sous l'océan du Nord au Sud jusqu’à la Terre de feu en Patagonie.
Rappelons qu' à un endroit bien choisi et en restant une bonne année plantée là, à cheval sur la fameuse médiane, une jambe s'éloigne vers l' Amérique et l'autre vers l'Europe de plusieurs centimètres.  Et oui bande de futés,c'est la tectonique des plaques. 
L’Islande est le seul pays au monde qui se paye le luxe de s'agrandir en permanence sous vos pieds !
De nombreux rochers, descendus des flancs de montagne, entravent notre progression mais avec une moyenne de 6 à 8 Km/H, nous sommes sereins.
L'avant-veille les pneus ont partiellement fondu sur une couche de lave à peine refroidie et leurs reliefs sont sacrément usés. (Si, si, vous ne rêvez pas. Pour se refroidir une coulée de lave  récente peut mettre plusieurs mois.)
En première réduite, les 4 roues tendent à patiner sur les zones boueuses et à chaque montées ou descente, on progresse souvent en crabe.
A moins de 300m du sommet, un passage va devenir réellement éprouvant.
Dévaler une colline à péter l’inclinomètre sous une pluie battante puis traverser un torrent de boue pour aussitôt gravir une piste encore plus pentue, l'opération semble toutefois réalisable.

Rappelons que l'optimiste n'est qu'un pessimiste qui s'ignore. 

La topographie de l'Islande est tellement particulière, que pour gravir une montagne sans une réelle piste entretenue, on l'attaque soit de front, soit par la crête. Il y a peu de chemin en lacet qui permettent de d'élever sous une pente modérée.

En gros chacun y va au filling et en fonction de la puissance de son véhicule, compose avec les éléments.

Je choisis la crête. Je ne suis pas assez puissant pour une attaque frontale sous la pluie.

Le problème est : Qui dit crête dit ravin à droite et ravin à gauche.
Rester alors dans les traces, comme sur des rails de chemin de fer, s'avère indispensable, mais parfois les ornières sont tellement profondes que les deux ponts touchent le sol et obligent à manœuvrer pour rouler sur le côté avec tout les risques de s'écraser au fond d'un vallon. On mouille plus que la chemise.
La descente de ce raidillon sur 150m, nous prend une bonne demi-heure. Plus d'une fois nous avons senti les roues arrière du 4 tonnes se soulever.

Le passage du gué avec un trou d'eau de plus d'un mètre est risqué. Il faut remblayer le trou avec des pierres, la moitié du corps dans l'eau glacée.
Ne pouvant pas prendre d'élan , l'accélérateur est sollicité pour ne pas noyer le moteur. Le pot d'échappement est l'entrée idéale et il est sous 30cm d'eau. 
Dix bonnes minutes sont nécessaires pour franchir l'obstacle. 
La remontée pleins gaz sur  l'autre rive est mouvementée mais ça passe.
Avec l'habitude on finit par gérer les impondérables. Il faut être philosophe, la piste étant un cul de sac, il va bien falloir repasser par là.
Une petite parenthèse: l'été 83 est caniculaire pour bon nombre d'européens, même les anglais réclament de la pluie et de la fraîcheur !
En Islande, c'est l'hivers avant l'heure, couverture nuageuse impressionnante, températures très basses, neige, pluie et brouillard nous accompagnent tout au long du séjour.
Petite déception, sans nuit claire pas d' aurore boréale, phénomène pourtant promis par tous les guides touristiques ! 
Nous poursuivons l'ascension cahin caha glissant à droite, glissant à gauche avec l'impression bizarre de voir s'estomper le paysage.
Un nuage, on est dans un nuage !
Le brouillard est tellement intense que je ne vois plus à 5m.
On parvient enfin sur une zone plate, confirmé par l'altimètre c'est le sommet.
Satisfaction général. La tension se relâche pour tout le monde et pour faire un immense plaisir à ma vessie, je sors dehors pour la soulager.
Il fait froid, je n'y vois goutte  mais une fois détendu, je m'éloigne un peu pour essayer de discerner le paysage alentour,  qui sait, à travers une trouée on peut peut être voir la chaîne des volcans ?
Que dalle, rien, niet, du brouillard rien que du brouillard et il n'est que 3 heures de l’après-midi.
Bon et bien puisque c'est comme çà, je retourne au camping-car.
Je me retourne,  plus de phares ! J'aurai juré qu'il était là, à droite, à une dizaine de mètres....
Dix pas à gauche, dix pas à droite, autant derrière, c'est pas possible  je me suis paumé dans un nuage !
C'est le Klaxon, fil d'Ariane des temps moderne qui me ramène dans la bonne direction.
Je pense dorénavant à équipé notre véhicule d'une corne de brume. 
Bon, qu'est ce que l'on décide ? on bivouaque là? On attend le lendemain matin?
A l'unanimité, retour vers l'enfer. Le thermomètre descend en flèche et les flocons de neige ne présument rien de bon.
Au bout de 2 heures, on retrouve enfin la piste principale à la fois déçus et heureux à la fois.
Il n'y aura ni film ni photos de ce paysage grandiose. Une astuce sauve l'honneur, ramener comme tout bon touriste qui se respecte une jolie carte postale achetée à la boutique de souvenirs de retour en ville.

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