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Betdenrire

Aimer à croquer.

20 Novembre 2020, 19:42pm

Publié par Philippe Lepers

S’il y a une constante concernant les cas d’anthropophagie à travers les âges, c’est bien son universalité géographique. Du Paléolithique à nos jours de nombreux groupements humains, aux quatre coins de la planète, ont pratiqué le cannibalisme. Si la recherche désespérée de protéines en cas de famine peut apporter une explication plausible, il est plus souvent rapporté que la consommation de chaire humaine dépendait plus de coutumes claniques où le vainqueur d’une bataille, en consommant le vaincu, prenait sa force et son courage. Reste à discerner ceux qui consommaient les cadavres de personnes mortes de vieillesse ou de maladie de ceux qui tuaient exprès leurs semblables pour les dévorer.

Par exemple, jusqu'au XIXe siècle, les Fang une tribu d'Afrique entre le Cameroun, la Guinée équatoriale et le Gabon, achetait les morts de la tribu voisine des Oshebas. Ils agrémentaient leur menu de chair humaine, tout bêtement pour se remplir la panse de bonnes protéines sans avoir à chasser. Il fallait n'y voir aucune raison rituelle ou religieuse. Comme la ménagère d'aujourd'hui va s'approvisionner chez son boucher, les Fang se rendaient chez leurs voisins pour acheter leurs cadavres. Sans toujours faire la fine bouche devant de la marchandise avariée par une maladie. Il faut dire qu'à l'époque, le règlement sanitaire était des plus succincts. Ils se faisaient céder aussi, dans les tribus de leur propre nation, les morts des autres familles : en outre, ils se procuraient les corps d'un grand nombre d'esclaves des Mbichos et des Mbondemos pour de l'ivoire, au prix d'une petite dent pour chaque corps. 

A l’opposé de ces tribus ‘’pacifistes’’ les Aztèques furent les pires cannibales au monde. Non seulement les prêtres aztèques prenaient un vif plaisir à sacrifier leurs victimes en se montrant le plus cruel possible, mais ils jouissaient carrément en les dévorant. Et toute la population suivait. À croire parfois que leurs immolations n'étaient qu'un prétexte pour se régaler de chair humaine. Oui, malgré leur haut degré de civilisation, les Aztèques furent les pires cannibales au monde. Chaque année, leurs victimes se chiffraient par dizaines de milliers. En effet, chaque fête, et Dieu sait si elles étaient nombreuses chez les Aztèques, était le prétexte pour chacun de sacrifier ses esclaves les plus dodus. Chaque propriétaire apportait son bétail humain aux prêtres.  Avant d'être sacrifiés, les esclaves étaient soigneusement engraissés. Durant plusieurs semaines, ils étaient mis en cage comme de vulgaires porcs pour être gavés de nourriture. Et quand le futur « repas » déprimait au point de refuser de manger, toute la maison se réunissait autour de la cage pour le distraire et lui présenter des mets succulents. Souvent même, on lui fournissait une prostituée dans l'espoir de lui rendre l'appétit de vivre et de manger. Pour autant, les Aztèques avaient bon cœur. Certainement davantage que les esclavagistes occidentaux. En effet, ils traitaient leurs esclaves comme des membres de leur famille. Au point de ne pas le consommer s'ils le tuaient. Pour rien au monde ils n'auraient dégusté cette chair qu'ils considéraient comme la leur. Ils se bornaient à offrir les meilleurs morceaux à leurs amis et parents. Ils prenaient leur revanche en se régalant des esclaves de leurs voisins ! À noter encore que les Aztèques étaient probablement les seuls à pratiquer un esclavagisme non héréditaire. Les enfants de leurs esclaves naissaient libres.

Sympathique tout ça. Nouvelle Zélande, Brésil, Nouvelle Calédonie et j’en passe, toutes les régions du globe ont été touchées par ce phénomène. Nous, les Occidentaux  parés de soi- disantes vertus supérieures, ne sommes pas en reste. Des Croisades aux famines médiévales dont celle qui sévit en Bourgogne sont entachées de scènes d’horreur.  En évoquant notamment comment des voyageurs sont égorgés et servent de nourriture à ceux qui les ont accueillis, le chroniqueur Raoul Glaber signale avec horreur que l'on vend de la chair humaine grillée sur le marché de Tournus !

La retraite de Russie à l’époque de Napoléon fut également le théâtre d’un cannibalisme de survie. De même, au cours des déportations staliniennes suivi dans les années 60 de  la grande purge organisée en Chine par Mao.

Ça nous coupe l’envie de se ronger les ongles n’est-il pas ?

 

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