Bête à Bon Dieu.

Robert II dit le pieux, 972-1031, fils et successeur d’Hugues Capet, avait un gout prononcé pour la théologie et, au passage redouté de l’an mille, l’Apocalypse selon Saint Jean faisait frémir la populace en annonçant le retour de Satan mille ans après l’incarnation du Christ. Inutile de dire que le moindre événement étrange ou insolite était perçu comme divin. Ce jour-là, c’était la fête à Paris. En présence du Roi, un manant accusé de meurtre allait être décapité en place publique. Une fois la tête sur le billot, une coccinelle vint soudain se poser sur son cou, juste à l’endroit où la hache du bourreau allait s’abattre. Le brave homme, qu’occire deux êtres en même temps lui était insupportable, ôta délicatement l’insecte et reprit sa posture, la hache bien en mains, prêt à trancher l’affaire. C’est sans compter avec le coléoptère qui, têtu comme un âne, reprit systématiquement et à plusieurs reprises sa place sur la nuque du futur supplicié ce qui engendra la même réaction pour son exécuteur. Une certaine exaspération grandit dans la foule qui ne comprenait pas ce contretemps. Le roi, intrigué, demanda alors une explication au bourreau. Convaincu qu’il s’agissait d’une manifestation divine réalisée par la coccinelle, il gracia sur-le-champ le malheureux. Bien lui en prit. Le vrai meurtrier fut confondu quelques jours plus tard. Dès lors les gens de Paris parlaient de la « bête du bon Dieu » et plus personne n’aurait écrasé cette bestiole au risque de commettre un sacrilège. C’est donc depuis ce curieux épisode que ce petit insecte volant aux ailes rouges, tachées chacune de 7 points noirs, est surnommée  "Bête à bon Dieu."  Aujourd’hui, la coccinelle est connue pour porter chance et est la meilleure amie des jardiniers en dévorant pucerons et autres cochenilles qui envahissent les plantations… enfin, dans la mesure où elle ne se pose pas sur des feuilles de Cannabis !