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Betdenrire

Be-Bop

17 Janvier 2012, 19:11pm

Publié par Philippe Lepers

Histoire du Bebop

 

Passionnés de danses et en particulier des danses swings, nous ne dédaignons pas, avec mon épouse, user nos semelles sur un Cha Cha , un Mambo, une Samba, une valses lente, un Tango argentin, une Salsa et j’en passe, pourvu qu’il y ait une ambiance chaleureuse.

Que ce soit dans un dancing à la mode, une guinguette, le bal du 14 juillet ou un thé dansant, qu’importe l’endroit si la musique est bonne.

Dernièrement dans notre ville voisine de Chevilly-Larue nous avons découvert un groupe sympa et bon enfant qui organise une fois par mois des rencontres de jazz où des formations internationales viennent se produire en toute simplicité.

Les acteurs de cette association font de prodiges pour persuader les artistes de venir nous révéler leur talent entre deux concerts parisiens. Ils revoient à la baisse leurs cachets habituels et répondent toujours gentiment présent pour le plus grand bonheur des spectateurs qui, jusque tard dans la nuit, profitent à fond  de ces groupes dont la philanthropies et l’amour du jazz mettrait du baume au cœur au quidam le plus coincé.

Bien évidemment la salle, équipée en restaurant de fortune avec sa scène de plein pied et les tables alentours, ne se prête guère à la danse mais quand un quintet déchaîné commence à monter dans les tours, c’est plus fort que vous. Constatant que vos pieds et vos mains ne se contrôlent plus et battent en mesure de plus en plus bruyamment, vous craquez et dénichez vite un dance floor improvisé pour vous lancer dans  un Lindy ou un Bebop endiablé. La plupart du temps ce sont les tablées adjacentes qui en font les frais en s’écartant subrepticement de votre zone de survie.

Aussi loin que l’on s’en souvienne, depuis qu’il existe des formations de Jazz, du simple piano bar au Big band le plus sophistiqué, il y a toujours eu des danseurs d’accompagnement, soit professionnels, soit amateurs  qui donnaient ainsi un exutoire libérateur aux spectateurs qui, calés dans leurs fauteuils, ne pouvaient guère y libérer leurs énergies accumulées au cours du concert.

Il faut se souvenir de l’époque des yéyés où Gène Vincent ou Johnny Halliday par exemple avaient provoqué à l’Olympia la plus grande commande de fauteuils auprès des ébénistes du spectacle qui s’en frottaient encore les mains 20 ans plus tard.

Le couvercle de la cocotte avait explosé.

Si on avait tout simplement retiré les fauteuils pour que les jeunes fans se défoulent en dansant sur les airs de leurs idoles, rien ne serait arrivé.

Les organisateurs des spectacles Rock d’aujourd’hui l’ont très bien compris. Les stades sont bondés et leurs affaires fleurissantes.

J’en fis la réflexion aux responsables et pour notre première soirée d’adhérent, ils nous avaient gentiment laissé un angle à l’arrière de la salle où avec un autre couple nous avons pu danser tout notre saoul.

Le 26 novembre 2011, après avoir désespérément essayé de dégotter une place de parking, nous avons pu enfin assister au 23eme Jazz Band Ball, concert donné gratuitement à la salle des fêtes de la mairie du 5eme arrondissement de Paris où les plus grandes pointures internationales s’étaient donner rendez-vous.

Gratuité oblige, la salle était bondée et nous nous vîmes malheureusement, en raison de notre retard, confinés au fin fond de la salle la plus grande partie de la soirée.

Le spectacle était de grande qualité et n’avait pas à rougir de ses aînés de Montreux, Chicago ou de la Nouvelle Orléans.

Des New Orleans hot Shots aux Rois du Fox trot en passant par les Hot Antic Jazz Band, toute la salle frappait la mesure des mains ou des pieds, chauffée à blanc comme le caramel sur le feu. Le pied de la scène avait été laissé libre mais curieusement personne pour y danser.

Le maître de cérémonie avait beau expliqué au micro que la tradition voulait qu’il y ait des danseurs pour accompagner les formations et invitait chaudement les spectateurs à rejoindre le dance floor, pas un pékin ne bougea. Nous, au fond  de la salle, on bouillait d’impatience, coincés dans la travée, dans l’impossibilité de rejoindre l’avant scène pour y défouler nos gambettes.

L’année prochaine,  c’est promis on arrivera en avance.

Un constat de ce non événement, la danse en couple se perd en France.

On est à la traîne des anglo-saxons, des allemands et des pays de l’Est qui raflent tous les prix des concours de danses sportives en Europe.

La faute à qui ? L’avènement du Disco, le symbole de la danse solo ? La fin des petits bals de campagne ? La TV omniprésente dans notre vie qui nous confine plus au rôle de spectateur que d’acteur ? Peut-être un peu de tout cela qui ringardise la danse soit disant à la Papa, laissant dans l’ignorance toute une jeune génération sur le potentiel et le plaisir de danser en couple.

Bien entendu il est plus aisé de danser seul sans avoir le souci du guidage ce qui, il est vrai, engendre bien souvent chez les partenaires d’homériques engeulades même chez les plus grands. Fred Astaire et Ginger Rogers, du panthéon des danseurs, ne me contredirons pas.

Il y a également la difficulté d’apprendre les figures et surtout les mémoriser.

Sans pratique assidue, les leçons sont rapidement lettres mortes.

Heureusement les chaînes de TV commencent à programmer des émissions sur la danse en couple, entraînant de nouveau l’intérêt des jeunes pour cette activité.

Et puis quoi, il est tout de même plus agréable de tenir une jolie fille dans ses bras dans une danse sensuelle à rendre jaloux tous les DSK de la terre que de lever les bras au ciel, fussent ils en cadence comme les derniers rescapés du radeau de la Méduse, en se dandinant d’un pied sur l’autre singeant ainsi une irrépressible envie de pisser.

Mais revenons à l’histoire du BeBop

Décidés à faire cavaliers seuls et exploiter des carrières solos en dehors des Big-bands dont ils sont issus, Charlie Parker et son quintet, Miles Davis, Dizzy Gillepsie, Curly Russel et Max Reach enregistrent le 29 novembre 1945 leur premier disque de Bebop.

Le terme Be-bop ou Re-bop est une onomatopée scattée, une forme d’improvisation vocale qui remplace à certains moments les paroles d’une chanson. La forme de musique qui se cache sous ce terme se distingue des formes précédentes de jazz par un tempo plus rapide, des grilles harmoniques très fournies et des phrasés dynamiques. Les accords peuvent changer plusieurs fois par mesure. L’improvisation est très importante et la section rythmique devient égale de la section mélodique. Des accords étranges qui sont loin d’être acceptés par les tenants du swing pur et engendrent une polémique qui crée une scission, une véritable bataille d’Hernanie entre les anciens et les modernes.

En France le Be-Bop et sa danse sont véritablement apparu en février 1948, salle Pleyel où Dizzy Gillespie fit un tabac monstre aussitôt relayé par Boris Vian au Club Saint Germain semant la contagion dans les bistrots et caves du quartier avec pour principaux fans : Juliette Gréco, Jean Paul Sarthe, Simone de Beauvoir, Yves Montand, Simone Signoret, Jean Louis Barrault, Madeleine Renaud, Jean Pierre Cassel et une myriade de célébrités qui vont révéler ce genre musical et ses chorégraphies dans l’hexagone et l’Europe tout entière.

Mais sur cette forme de musique, quel type de danse pratique t’on ?

Pour cela il faut remonter à la fin des années 20 à New York, à Harlem précisément, où une danse de rue s’est développée à partir d’un mélange de Charleston et de Breakaway.

Le dimanche, pendant que les blancs fréquentaient le huppé Cotton club, les blacks désargentés se ruaient au Savoy, le ballroom à la mode acceptant toutes les ethnies et où les danseurs s’affrontaient à grands coups d’improvisations d’origines africaines sur une structure en 6 ou 8 temps issu des danses européennes. Un mélange de danse solo typique de l’Afrique avec la danse en couple des blancs.

Les dancings de l’époque pour attirer du monde n’hésitaient pas à organiser des concours où une improvisation réussie pouvait à tout instant rendre célèbre un danseur.

Gorges Snowden était de ceux là. Sa figure homonyme, le Shorty Georges, est encore pratiquée de nos jours comme le non moins célèbre Suzye Q.

Ce jour là, le 21 mai 1927, c’est tout au moins la légende la plus généralement admise, Georges, après une danse endiablée totalement improvisée, est interrogé par un journaliste venu s’encanailler au Savoy.

Ce dernier lui demande alors :

Quelle est cette danse ?

Bien embarrassé et ne savant pas quoi trop répondre, il a encore en tête, comme tout le monde à New York et dans les états unis tout entiers, la réussite de la première traversée de l’Atlantique en avion par Charles Lindberg. Les manchettes des journaux avaient titré ce matin là : « Le saut de Lindberg »

Il répondit : Le Lindy hop !

Le Lindy hop fut popularisé et surtout codifié par Frankie Manning et sa troupe : Les Whitey’s Lindy Hoppers qui essaima cette danse dans toute l’Amérique.

Et dire qu’étant petit, sa mère, une danseuse professionnelle, dont le fiston suivait les tournées

avec admiration, s’exclamait sur son rejeton qu’il ne ferait jamais un bon danseur, Il donnait trop l’impression d’avoir un manche à balai dans le cul !

Ce dernier nous a quitté le 26 avril 2009. A 95 ans, il dansait encore et s’apprêtait à venir fêter son anniversaire en France où il était connu et apprécié par son talent et sa bonne humeur.

Il nous reste sa routine restée célèbre, le Shim Sham. Cela ressemble à du madison matiné country avec claquettes à l’appui. C’est très impressionnant quand un groupe de danseurs swing ainsi à l’unisson rythmé par la Tape dance et la frappe des mains.

Le Lindy hop apparaît la première fois en France en été 1937 dans la revue du Cotton club avec l’orchestre de Teddy Hill mais il faut attendre la libération en 44 pour voir les GI’s introduirent cette danse d’une façon massive dans l’hexagone qui entre temps avait été rebaptisé : Jittersburg.

Pourquoi diantre changer de nom ?

Le Jittersburg vient d’une expression populaire désignant au début du 20eme siècle les alcooliques souffrant du delirium trémens qui dès 1926 fut associé aux danseurs de swing qui donnaient l’apparence d’être totalement ivres lors de leur prestations improvisées.

Ce serait Harry White, trombone dans l’orchestre de cab Calloway, qui aurait sacralisé ce mot en apostrophant ces amis passablement défoncés : Who in hell took my jitter, bug ?

Les Américains dès 1936 employaient ce mot pour désigner globalement les danseurs de swing ou les différentes variations autour du Lindy Hop.

Pour mémoire les GI’s débarquant au royaume uni en 44 avaient également dans leurs bagages une variante du Jittersbug, le Boogies-Woogie nommé  ainsi pour son tempo ressemblant aux bruits que font les bogies composés de deux essieux rapprochés d’une voiture de chemin de fer quand ils passent sur les jonctions de rails, ta-da…ta-da… Très vite les Anglais qui avaient déjà codifié pratiquement toutes les danses standards et latines, s’empressèrent d’en faire autant avec ce Boogie un peu trop débridée à leurs yeux et en firent une danse de compétition, le Jive qui, curieusement, est classé dans les danses latines.

Mais revenons en France, la seconde patrie du Jazz.

Jean Mourier dit Jano Merry est le véritable instigateur de la danse Be-bop en France.

Né à Montrouge en 1930, il est déjà à 15 ans sur la piste du Lorientais à imiter les zazous sur les airs de swing  de Glenn Miller, Duke Ellington, Claude Luter, Bechet, Armstrong ou Basie.

En 49, il monte avec sa troupe, les rats de caves, un numéro de Jittersburg acrobatique qu’il adapte à sa sauce et crée la danse Be Bop en osmose totale avec les nouvelles formations dissidentes du swing pur.

Très vite c’est l’engouement et ils débutent une tournée en commençant chez Carrère aux Champs Elysées, se produisant à L’ABC et bien sûr à Saint Germain des Prés.

Jusqu’en 1955, ils font un tabac et la jeunesse ne s’y trompe pas en adoptant cette danse un rien contestataire comme les sonorités de ce nouveau genre où, sacrilège, on voit même apparaître la guitare électrique au sein des orchestres.

Un film, un simple film de série B, en apparence seulement, « Graine de violence » va faire voler en éclat les certitudes des « croulants » qui avaient commencé à apprivoiser enfin cette danse de sauvage.

Bill Halley et ses Comets omniprésents sur la bande son, vont,  avec « Rock Around The Cloth, faire déferler sur la vieille Europe un Tsunami qui va tout balayer sur son passage.

Le Rock’n Roll était né.

Les déhanchements suggestifs d’un certain Elvis Presley n’avaient rien d’un extincteur mais plutôt d’un cocktail Molotov qui aujourd’hui encore brille aux centres des pistes de danses de la planète.

Jano Merry continua de danser du BeBop mais pour être à la mode le rebaptisa tout simplement Rock ‘n Roll !

Si le Lindy Hop, comme le Charleston, Le shag , le Balboa ou bien le West coast, tous issues du swing, se dansent généralement sur 8 temps, le Bebop comme le rock’n Roll « classique » et le Rock acrobatique se dansent sur 6 temps. 4 temps pour le Rock’n Roll dit «  étudiant » né en 56 mais très peu dansé en France si ce n’est dans le milieu aisé des rallys et des grandes écoles. Il prend généralement le nom de la ville où il est le plus pratiqué. Rock versaillais pour Versailles, Rock parisien pour Paris… etc.

Du 1-2-3 et 4-5-6-7 et 8 ( Step, step, triple step, step, step, step triple step) ternaire du lindy on passa à un rythme binaire 1-2-3 et 4-5 et 6 ( Step, step, step, triple step, step, triple step )utilisé en Bebop ou en Rock.

Pour faire court, le Rock à un style plus carré que le Lindy qui lui est beaucoup plus arrondi plus inspiré des danses animalières noires dont il est issu.

Comme les danses n’ont pas de frontières figées, il n’est pas rare d’emprunter telle ou telle figure pour l’adapter à une autre danse. C’est pourquoi on peut très bien sur un rock en 6 temps, utiliser une figure en 8 et même 12 temps, l’important étant, en respectant le rythme, de retomber en accord avec la phrase musicale.

Pour le Rock acrobatique, cocorico, inventé par les lyonnais en 1968. Le pas de base dit sauté est constitué d’un kick ball change de la jambe droite pour la danseuse, droit pour le danseur suivi de 2 jetés droite puis gauche pour la danseuse et gauche puis droite pour le danseur. Entre les déplacements en sauté s’intercalent les chorégraphies suivies d’acrobaties impressionnantes, jusqu’à 5m du sol lors de Salto ou double Salto. 1 minute 30 de démonstration équivaut en dépense énergétique à une course sur 800m… à pied, pas en mobylette.

Le Jam est une arène formée de danseurs laissant un espace circulaire où, à tour de rôle, les couples font la démonstration de leur talent. Vu la rapidité à laquelle les figures sont réalisées, cela leur permet de reprendre leur souffle après une ou deux minutes d’effort intense à la fréquence cardiaque maximale et en totale résistance anaérobie. Les amateurs de Hip Hop, très près du Lindy, ne s’y sont pas trompés en utilisant à leur tour le Jam qui est souvent pratiqué à la fin d’un concert pour remercier l’orchestre de sa prestation.

Pour mémoire il existe pour les danses de compétition dites sportives, codifiées par les Anglais, les danses latines et les danses standards.

Les latines sont au nombre de 5, La Samba, le Cha- cha-cha, la Rumba, le Paso-doble et le Jive. Particularité : Elles se dansent en avançant la pointe du pied

Les standards, au nombre de 5, la valse viennoise, la Valse lente (ou valse anglaise), le tango dit classique, (le tango argentin n’en fait pas parti), le Quick-step  et le slow fox. Particularité : Elles se dansent en avançant le talon.

Seuls le Jive et le Quick-step peuvent s’accorder sur des musiques  swings, BeBop ou Rock aux tempos élevés de l’ordre de 40 à 70 mesures par minute.

Pour les danses swings non codifiées officiellement par l’organisme international de tutelle, il y en a qui conviennent parfaitement pour accompagner les musiciens de jazz du quintette au big band.

Le Fox-trot, le Balboa, le Shag (ou Collégiate Shag) et le bon vieux Charleston ont encore de grands jours devant eux et ils reviennent furieusement à la mode sur les dance-floors.

Ils rendent complètement hasbeen les danseurs solos qui se déhanchent sur les airs de disco, pop ou de R’n B.

Les prouesses de certains couples en Balboa qui arrivent à soutenir un tempo à 300 m/mn sont tout simplement stupéfiantes et méritent bien les tonnerres d’applaudissement qui suit leurs démonstrations.

Je ne saurais trop conseiller à ceux que cela intéresse d’aller faire un tour sur Youtube en français et taper : Danser le Balboa ou : Danser le Lindy Hop ou : Danser le Shag, le Quick Step,  etc… Des centaines de démonstrations de ces danses swings sont à portée de clic de souris et vont vous donner une envie furieuse de quitter votre fauteuil pour esquisser un pas de danse et vous prendre pour « The Artist » !

Une danse swing facile à apprendre chez vous, le Fox-Trot, sur 4 temps avec 2 pas lents suivis de 2 pas rapides, vous pouvez, au bout de 20 mn, danser en couple sur « Sing Sing » de Benny Goodman qui est particulièrement rapide !

Youtube fourmille de cours gratos qui sont très bien expliqués et vous font progresser rapidement à condition bien sûr d’être assidu et pratiquer régulièrement.

Pensez à Franky Manning qui à 95 ans épuisait encore ses cavalières !

J’en suis à rêver de maisons de retraites où le Swing serait obligatoire et remboursé par la sécurité sociale… Evidemment sur un tempo à 2 ou 4 temps comme le nombre de roues d’un déambulateur !

 

 

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